Cette pièce tente d’appréhender la notion de lignes et de points en musique, le tout étant contenu dans différents niveaux de silences. On en trouve ici deux, le silence total où l’interprète ne doit plus produire aucun bruit et les bruits musicaux placés ici et là au long de la pièce. Ces bruits doivent être compris comme un état intermédiaire entre le silence complet et la note (le point). Il est ainsi important ils soient joués « Indifféremment », c’est-à-dire sans distinction d’intensité. Si l’on file la métaphore : le silence serait la toile blanche ; les bruits de clés, un fond gris, uniforme ; les notes courtes des points et les notes longues des lignes. Cette pièce est construite sur une forme d’arche commençant et se finissant inévitablement dans le silence. Le Mi b aigu qui se trouve au centre de la pièce se veut être, à contrario, l’aboutissement de ce que l’on nomme « ligne », ce passage doit être tenu à souhait car à cet endroit précis on peut espérer retourner à une certaine forme de silence : arrêt du mouvement, des perturbations. Cependant, l’oeuvre explore également le continuum entre points et lignes, quand est-ce que qu’un ensemble de points peut prétendre devenir ligne ? Plusieurs courtes lignes deviennent-elles ensemble de points ? Ces questions et explications ne sont posées ici que pour stimuler à l’interprète une vision créative d’un ensemble musical qui se veut cohérent et indépendant de toute figure extrinsèque.